A 89 ANS, JEANINE REVIENT DE BIELORUSSIE !

A 89 ans, Jeanine revient de Biélorussie pour réaliser son rêve !

Revoir encore une fois sa ville natale, la maison où elle est née, son église Ste Aldegonde et son école : Ste Jeanne d'Arc !!!

 

Ses parents étaient venus de la Pologne (plus précisément de la Biélorussie) pour gagner leur vie en travaillant dans les mines du Nord Pas de Calais en manque de main d'oeuvre.

 

Jeanine est née le 23 mai 1930 au n°151 du quartier des Corons des mineurs du bourg de Lallaing. Elle a fréquenté une bonne école : l'école des filles qui portait le nom de Ste Jeanne d'Arc. Et toutes les filles sans exception voulaient ressembler à l'héroïne de France.

 

Une fois la guerre achevée, Jeanine commença ses études de couturière chez Pigier à Douai.

 

En 1946, des gens bien habillés parlant Russe firent leur apparition. Ils se mirent à rencontrer les émigrés, leur racontèrent comment il faisait bon vivre en Union Soviétique (le pays qui avait vaincu Hitler !) et expliquèrent que le bon Staline donnait à tous les originaires des républiques soviétiques la chance de revenir à la maison, gratuitement, avec leurs bagages et leurs objets de valeur. Une telle proposition ne se reproduirait plus. Ils auraient toujours la possibilité de revenir en France, à n’importe quel moment.

 

Le père soupçonnait bien que c’était un piège. La mère insistait. Ils rassemblèrent assez d’argent pour acheter un lopin de terre et une maison. 

 

Jeanine, alors âgée de 16 ans, part avec ses parents, en prenant avec elle, sa machine à coudre « Singer".  Ils firent leurs adieux sans larme. Si leur nouvelle vie ne leur plaisait pas, ils reviendraient à Lallaing.

 

Arrivés en Union Soviétique, les parents de Jeanine comprirent tout de suite qu’on les avait trompés, lorsqu’on leur prit tous leurs papiers français. Ils n’eurent pas non plus de papiers soviétiques.  

 

Jeanine s’est souvenue que lorsqu’enfin, sa mère arriva chez sa soeur, cette dernière leur a raconté qu’en Union Soviétique, il était impossible d’acheter des terres par principe puisqu‘il fallait travailler dans les kolkhozes, sans salaire ou pratiquement gratuitement. Les réfractaires étaient envoyés en Sibérie. Eux-mêmes en tant que « traîtres à la Patrie », avaient de grandes chances de se retrouver là-bas ! 

 

Sa mère ne dormit pas cette nuit-là. Le lendemain, tous virent que ses cheveux étaient devenus blancs. La mère avait compris son erreur….. 

 

Jeanine eut de la chance. Sa spécialité l’y aida pour beaucoup. On manquait de couturières professionnelles et de tailleurs. De plus, elle avait sa propre machine à coudre. 

 

Elle se maria. Son époux ne l’appelait pas autrement que « Française » ;  et dans tout le village, la française. Elle se vouta à cause de son travail en permanence derrière sa machine.

 

Tous les matins, elle récite son notre père en français et assiste à toutes les fêtes de l’église catholique. 

 

Elle vit dans une maisonnette à la frontière de la Pologne et de la Lituanie. Récemment, l’ambassadeur de France en personne, Mr Canesse est venu lui rendre visite. Ils ont parlé en français.  Il se trouva que Mr Canesse est originaire de la petite ville de Douai.

 

Le 23 avril dernier,  les élèves de l'école Ste Jeanne d'Arc, attendaient Jeanine, rassemblés devant la façade de l’école datant de 1906. Ils l'ont accueillie en entonnant des chants catholiques d’aujourd’hui.  

 

Puis, tous ensemble, d’une même voix, Jeanine, les enfants et les enseignantes, ont récité un Notre-Père. Son regard s'est voilé de larmes lorsque deux fillettes sont arrivées en portant la Vierge Marie. Mais il s'est illuminé lorqu'elle reçut, par un petit enfant, un cadeau inoubliable : SON ECOLE dessinée par une enseignante en retraite : Mme Delinselle. Elles ont échangé toutes les deux devant de vieilles photos de classe, espérant la reconnaître mais surtout retrouver ses amies d'enfance.

 

Jeanine a effectué 1771 kms pour réaliser son rêve : revoir encore une fois sa petite ville natale de Lallaing, l’église, sa maison natale et son école : l’école Ste Jeanne d’Arc.

 

Les religieuses ne sont, certes, plus là...  Mais elles auraient été fières de la ferveur de leurs enfants d'aujourd'hui et d'autrefois à prier et chanter ! 

 

Un réalisateur biélorusse a filmé tous ses instants précieux pour diffuser ensuite un documentaire sur la vie des émigrés.